Chronique d’un confinement Fatals – Par Delphine Hossa

2014 ©Nathanael Masson/Namas Photographie - tous droits réservés

Chez Les Fatals Picards, comme ailleurs, le quotidien a été disrupté par le confinement. Comme nous tous, ils ont dû réapprendre à vive autrement, occuper leurs journées, apprendre à se passer les uns des autres, à savourer l’éloignement de leurs fans relous… Bref ! Une cure de bien-être, de calme et de ressourcement personnel s’offrait à eux.

Vous vous demandez comment ils ont bien pu occuper leurs journées ? Comme ils n’ont pas voulu répondre à mes questions, j’ai décidé d’improviser…

2016 © Jean Noel Cantelli - tous droits réservés

Poupou

14 heures. Paul se lève. Après avoir ouvert un œil et demandé à Linda de le filmer à poil pour son 52e générique de Poupou l’émission, diffusée en live tous les soirs à 18 h sur Facebook, il va prendre un petit-déjeuner bien mérité. Bande de mauvaises langues, bien sûr que non, 14 heures, ce n’est pas trop tôt pour la première bière : il est déjà en retard pour l’apéro du matin ! L’apéro-petit-déjeuner terminé, c’est l’heure de la sieste. 

Pendant ce temps-là, Linda relève tous les mails reçus sur l’adresse de Poupou l’émission et récupère les vidéos qui permettront de faire croire que Paul bosse ses directs comme il bosse ses enchaînements dans les concerts. Elle attaque le montage, répond à tout le monde, essaie de caler les différentes séquences du soir, prépare l’apéro, vérifie que le téléphone marche, que la télé pour passer les séquences marche aussi, écrit les fiches que Poupou va lire de travers ou faire tomber, calcule le temps qu’il lui faut pour allumer la lumière et l’éteindre… Puis elle réveille Paul de sa sieste, lui donne une bière pour le féliciter d’avoir si bien bossé et assure la réalisation de l’émission comme elle peut. 

Mais heureusement que Paul est magnanime, parce que vraiment, y’a un paquet de fois où ce n’est pas calé-calé… Heureusement, il arrive à tout gérer et après une prestation de qualité, c’est l’heure de l’apéro. Après le dîner, il ira passer du temps sur la page Facebook de M Radio, pour voir s’il est encore banni ou s’il peut continuer à demander que les Fatals soient diffusés à l’antenne.

2019 © Jean Noël Cantelli - tous droits réservés

Jimmy

Chez Jean-Marc, la journée commence tôt. C’est qu’on ne se laisse pas aller : on garde une hygiène de vie irréprochable, même confiné ! Dès 6 heures, Jimmy se lève et s’offre une bulle de douceur. Il sait que moins d’une heure plus tard, son calvaire va commencer.

S’occuper des enfants, faire les devoirs, réviser ses cours de maths pour arriver à expliquer pourquoi 10/4 de chocolat, ça fait 2 barres et demi de chocolat mangés…

Puis… Finir d’annuler et de repousser toutes les dates des concerts, les siens, ceux des artistes dont il s’occupe, reprogrammer, jeter un œil sur les devoirs, refaire un peu de batterie pour garder les réflexes, refaire de la muscu pour garder son rôle de beau gosse du groupe… Tout ça le mène péniblement à 14 heures. 

Après, c’est l’heure de préparer les clips pour Poupou l’émission, ou les posts revendicatifs pour dire qu’il aurait dû gagner parce quand même, ses prestations étaient d’une telle qualité que tout ça devait être truqué. Et bien sûr que oui, tout était truqué ! Sinon, personne n’aurait jamais diffusé des vidéos pareilles ! Dépité de voir que malgré ses auto-humiliations et ses épilations pour ne pas être trop serré dans les robes de Ann Ark, il n’arrive jamais en tête, Jimmy choisit de se filmer seul et de poster ses vidéos tout seul

Il lancera aussi un vibrant appel à sauver les intermittents de l’abandon, mais restera bien seul. Pensez à regarder sur le bord de l’autoroute en partant en vacances cet été : peut-être pourrez-vous le trouver attaché sur une aire de repos…

2015 © Vincent Capraro - tous droits réservés

Billy

Dès potron minet, Laurent ouvre son dictionnaire pour trouver des mots et des expressions surannées et complexes, qu’il pourra distiller tout au long d’un post Facebook où il fera montre de sa capacité à manier cette langue vernaculaire qui n’a d’égale que celle à jouer divinement de la guitare et à offrir des cours en ligne pour celles et ceux qui aimeraient, bien que cela ne soit à la portée de tout quidam passionné par le subtil maniement des cordes et des clefs, qui permettent de sortir de cet instrument des sons aussi vibrants que beaux et forts, mais également tendres et touchants, et il interpellera alors lecteurs et puissants sur la vacuité de l’existence actuelle et la nécessaire remise en cause de ce modèle capitaliste qui ne sied guère à l’humain, bien qu’il soit noyé dans l’océan d’informations anxiogènes qui ne lui permettent plus de prendre le nécessaire recul à une saine et pourtant si absente réflexion. 

Puis il trouve un jeu de mot idiot, rigole et le poste aussi. Ce qui prouve qu’il a plus d’un tour dans son sac, le bougre ! Tout cela étant mené de main de maître, après avoir assuré le quotidien de la famille et s’être occupé des enfants, parce que oui, il a beau être un homme, il n’en est pas moins papa, il profite d’un repos bien mérité devant une bonne bouteille, de vin ou de spiritueux, qu’il se fait un plaisir de partager. Parce qu’il est comme ça, Billy : il partage ! Là encore, il met un point d’honneur à trouver les mots qui feront voyager avec lui les gens de passage sur sa page et offre ainsi à chacun un même de bonheur dans la plus pure tradition française : la picole, oui, mais de qualité !

2018 © Nathanaël Masson/Namas Photographie - tous droits réservés

Vivou

Chez Yves, c’est la guitare qui dicte le rythme de la journée. Avant tout, il doit préparer la vidéo qui permettra Paul de chanter une des chansons des Fatals durant son émission quotidienne. Parce que oui, on dit « Poupou l’émission », mais qu’aurait-elle été sans la présence quotidienne de Vivou et ses interprétations du répertoire des Fatals ? On notera d’ailleurs qu’il connaît tous les morceaux et les joue sans faute, alors que du côté des paroles… Mais là n’est pas le débat ! 

Sa séquence préparée et enregistrée, le voilà qui tourne en rond, tel un lien dans sa cage. L’appel de la guitare est trop fort ! Il faut qu’il joue ! Alors le voilà reparti pour une nouvelle vidéo. Pour briser la monotonie, il joue avec Julien son compère des Partouzzzze Bastards et reprend des standards de façon magistrale. Parce que oui, Vivou est infidèle et fricote avec un autre groupe. Et le pire, c’est qu’il prend son pied et nous aussi, voyeurs que nous sommes. 

Une petite bière dans le cornet au passage, parce qu’il ne faut pas déconner, on est rock ou on ne l’est pas, et il est temps d’aller se mettre en robe. Parce que ce n’est pas tout ça, mais il faut aussi faire des vidéos pour le prime du samedi de Poupou l’émission. Et quoi de plus naturel, pour tout donner, que de se glisser dans un bustier rose moulant ? Ses prestations ont d’ailleurs été particulièrement saluées par la critique, mais une interrogation demeure : les cartons de chablis promis aux votants auraient-ils pu influencer les résultats ? Seul Dieu peut juger…

2018 ©Vincent Capraro - tous droits réservés

Malgré le rythme effréné de leurs journées, nos Fatals ont malgré tout pris le temps de jouer ensemble et de nous offrir quelques vidéos, mais admettons-le : ce n’est pas assez ! Militons pour que, jusqu’à la reprise des concerts, ils nous en donnent encore plus, toujours plus ! Et surtout, pour qu’ils reviennent vite sur scène, parce que sinon, tout le monde va oublier le flash-mob et on va être tout désynchronisés pour les prochains concerts…

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