Michaël Lozé, ou “Comment les Fatals Picards ont été couchés sur papier” !

Fan depuis des années, mais surtout artiste, il a participé à l’édition d’une bande dessinée inspirée de l’œuvre des Fatals Picards “Les chansons des Fatals Picards en bandes dessinées”.

Il répond à quelques une de nos questions pour satisfaire la curiosité des fans qui ne le connaissent pas (encore) !

Bonjour Michaël, tu es fan depuis des Fatals depuis un moment…
Raconte nous comment tu les as découverts.

Par hasard ! A une époque où pour écouter de la musique il fallait tuer des bébés chats (en gros télécharger des mp3…),  j’étais accroc aux chanteurs décalés comme on peut en trouver sur « Bide et Musique » et j’écoutais essentiellement du Punk Rock anglo saxon.
Un jour, je tombe sur le premier album de Didier Super et là, je ne sais pas quoi en penser. C’est sérieux ce truc ? Je cherche un peu sur le net pour en avoir le cœur net, justement, et parmi les résultats, je vois que ça parle de Goldorak… C’était en 2004, j’avais attrapé le virus en allant sur un site orange et son fameux forum de discussion. (D’ailleurs, le site à l’époque n’était pas orange ! mais il l’est resté longtemps)
Premier concert en 2005 à Eu (festival de la Grande Marmite), première vraie rencontre avec le groupe en 2007 et ensuite tout est allé très vite (ou pas).

Festival de la grande marmite Eu 2005 © Ch'Rouennais - Tous droits réservés

Tu fais quoi dans la vie ? On ne parle pas forcément de boulot, mais de tes talents en lien avec un certain art graphique…

Mais on peut parler boulot car je dois en partie ma « carrière » actuelle aux Fatals. A la base, j’ai un cursus technique, électronique, informatique, électroménager (je sais, le lien n’est pas évident…) bref, je sais réparer un peu de tout. La BD, c’était ma vocation initiale, contrariée par des parents soucieux que j’aie un vrai métier. D’où le parcours de technicien/administrateur réseaux/réparateur de lave linge…
En 2009, quand est sorti l’album sur les Fatals, je terminais ma formation en électroménager. 2013, une année noire pour moi qui se termine avec un problème de dos nécessitant une opération chirurgicale à terme et une reconversion professionnelle. Ayant entretemps co-fondé un collectif graphique (Fr.K@waï), il m’arrivait d’animer des ateliers sur le thème de la BD. J’ai donc décidé de me reconvertir comme animateur socioculturel.
Côté artistique, outre la BD des Fatals, j’ai réalisé avec eux une série de médiators en collaboration avec Antoine Moussy. Une destinée au merch et l’autre utilisée sur scène par Laurent, Yves et Paul. Je ne sais même pas si quelqu’un possède l’ensemble, personnellement, je n’ai pas tout.

© Michaël Lozé - Tous droits réservés

L’association Fr.K@waï m’a permis de continuer à publier des bd dont des adaptations inédites de chansons des Fatals comme « Chasse, pêche et biture », « Le jour de la mort de Johnny » ou « Goldorak est mort ».
J’ai aussi collaboré avec le  groupe « La Ruelle en chantier » pour deux projets, un single et le packaging complet de leur album « La vie belle ».

Enfin, j’ai eu aussi l’occasion d’illustrer le budget du département de la Somme à plusieurs reprises, comme quoi la Picardie est attachée au groupe et à ceux qui gravitent autour.

Comment est né le premier tome de « Les chansons des Fatals Picards en bandes dessinées » ? A combien d’exemplaires cette BD a-t-elle été éditée ?

Un projet par des fans pour les fans, et ce n’est pas mon idée au départ, c’est Laurent Honel qui m’a suggéré de le faire après avoir vu mon adaptation de « Punk à chien » lors d’un concert à Aire de Fête, à Saint Etienne du Rouvray. C’est d’ailleurs grâce à cette bd que le titre a été interprété sur scène pour la première fois. Elle a pris le nom de « 30 millions de punks » depuis (j’ai du changer le titre sur la bd !) et c’est devenu un incontournable durant les concerts.

2007 © Ch'Rouennais - Tous droits réservés

Mais revenons à la genèse du projet, j’avais quelques adaptations que j’avais partagées sur le forum des Fatals Picards et je devais donc, suite à la proposition de Laurent, travailler avec les fans pour en faire un album complet.
J’ai donc créé mon propre forum et réunis une bonne vingtaine de fans pour réfléchir à tout cela. Il aura fallu deux ans pour que l’album soit terminé et édité. J’ai bien entendu tenté de proposer l’album à des maisons d’éditions existantes mais l’un des coscénaristes (Picarno) connaissaient deux femmes qui avaient un projet de maison d’édition et notre album était une opportunité qu’elles souhaitaient saisir. Les éditions Adalie ont donc débuté avec notre album.
Donc au final, cet album a été initié par un membre du groupe, écrit et dessiné par des fans et édité par des fans à 2500 exemplaires.

Si on devait retenir quelques faits marquants sur cet album :

Ivan a quitté le groupe pendant sa conception, c’est pour cela qu’il est présent à une fenêtre en arrière plan sur la couverture et pas avec les autres membres du groupe.
« Le jour de la mort de Johnny » et « Goldorak est mort » étaient initialement prévus et ont été abandonnés, l’un par pression de la maison de disques de l’époque comme pour la chanson sur « Le sens de la gravité », l’autre pour des risques de confusions entre droits d’auteurs et droit à la parodie.

Dessin de Michaël offert à Ivan lors de son départ du groupe

Le lancement de l’album s’est déroulé au Zénith d’Amiens en avril 2009, concert où Cauet a fait une apparition.
Frank Margerin (auteur entre autre, de la BD « Lucien ») qui est une de mes idoles en a un exemplaire que j’ai dédicacé devant lui.
Didier Wampas, qui a fait la préface de l’album, a fait sa première dédicace sur l’album que j’ai offert à ma femme avec toutes celles des membres des Fatals Picards. Je n’ai pas dédicacé cet album (honte sur moi !) J’ai dédicacé un exemplaire à Didier dans un festival organisé par un lycée agricole ou se produisaient les Wampas et qui proposait le lendemain une course de moissonneuses batteuses.

Hérouville Saint Clair 2009 - Photo de promo de la BD © Aurélie Legras - Tous droits réservés

Apparemment, tous les exemplaires ont été vendus, on ne la trouve plus sur internet… Y aura-t-il une réédition ?

De mémoire, je crois que 1800 exemplaires ont été vendus par la maison d’édition avant sa fermeture. Personnellement, j’ai acheté un stock de 200 albums dont une bonne partie a été vendue par les Fatals Picards en concert. Les exemplaires restants ont été détruits.
Concernant une réédition, clairement, la réponse est non. Plusieurs raisons à cela :
Les droits d’auteurs sont trop compliqués à gérer, c’était déjà un casse-tête à l’époque, donc pas envie de remettre ça en route. D’ailleurs, cela fait qu’il ne sera jamais distribué au format électronique même si je le possède dans ce format.
Ensuite, j’estime que cet album a eu sa vie et il mérite bien un peu de repos. Il a principalement été vendu durant les concerts, j’en ai dédicacé un bon paquet d’ailleurs, je ne sais pas si je n’ai pas un record d’albums dédicacés par rapport aux exemplaires vendus. Plus sérieusement, mon trait a évolué depuis cette époque, le groupe a changé depuis le début du projet, le public a changé également, tant de paramètres qui font qu’une réédition ne serait pas sérieuse. Un remake éventuellement mais il faudrait remplacer certains titres et je n’ai pas envie de choisir qui reste ou pas.

Une page de l'album, dédicacée par Michaël

Pour consoler ceux qui ne posséderont jamais le premier tome et pour régaler tous les autres, peux-tu nous parler d’un projet en lien avec les Fatals Picards ?

On parle du projet dont je parle souvent en jurant qu’un jour il sera fini ? Le fameux « tome 2 » ?

Commençons dans l’ordre.
D’abord, c’est une demande du groupe qui date du jour de la sortie du premier, tout simplement. Donc onze ans que j’en parle, onze ans que la liste des titres change, selon les nouvelles chansons, mes envies, les envies du public.

Autre point crucial, contrairement au premier, je ne suis pas seul au dessin. Nous devions être quatre comme les Fatals, mais finalement, nous serons trois. Et pour l’écriture, chaque dessinateur a travaillé sur ses adaptations, pas de scénariste en plus cette fois.

Première case de la première adaptation 2006 - © Michaël Lozé - Tous droits réservés

Ce que je peux déjà  dire:

Nous n’avons pas refait la bêtise de préparer un album sans « la sécurité de l’emploi ». C’est clairement mon plus grand regret pour le tome 1 avec le recul. Cela dit, vu l’adaptation d’Inko Niko pour le tome 2, c’est finalement mieux comme ça. Après, je ne sais pas si ça boostera les ventes ou le budget photocopie des collèges et lycées pour finir accroché dans les salles des profs. (Pensez à l’offrir aux profs que vous connaissez, ça les changera des albums « les profs » et ils vous seront éternellement reconnaissants)

L’album sera moins « grand public », un peu plus adulte, dirons-nous, un peu à l’image des chansons des Fatals Picards depuis la sortie du tome 1. Diway a adapté « Premier de la glace », « Canal Saint Martin », Inko Niko s’est chargé d’ « A la vie à l’Armor », j’ai réalisé « Atomic Twist » et j’ai débuté l’adaptation de « La fête de l’école », bref, ce sera plus corrosif que le tome 1. Il n’y aura aucune adaptation de chansons antérieures à l’album « Pamplemousse mécanique » (et là, les vieux fans me détestent…)

 

Date de sortie ? Quand j’aurai fini mes planches, et quand nous aurons trouvé un éditeur. Je tâche de tout faire pour que cela coïncide avec les 20 ans du groupe, j’ai une vie et un emploi du temps compliqués mais je vais tout faire pour que cela aboutisse.

La seule dédicace des Fatals Picards que Michaël ait jamais demandée !

Cet article a 2 commentaires

  1. Olivier Lallouette

    Merci Michaël…

    Vivement le tome d’eux !

  2. Picarno

    J’ai tout les médiators 😀

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